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Histoire

(Ou comment un bac + 5 se retrouve en CAP de mécanique...)

Ce paragraphe est pour ceux qui prennent le temps. Vous avez du temps? Bien, moi aussi, mais j'essaierai de faire court. Enfin je ne peux rien promettre. J'ai écrit un roman de 400 pages publié en 2011, alors, voyez, j'ai la plume facile...

Enfin tout à commencer quand je me suis mis à fouiner dans le petit garage 21, il y a une dizaine d’année et que j’ai trouvé la mini de ma belle-soeur qui dormait depuis presque 10 ans dessous une bâche (pas la belle-soeur, la mini…). J’ai amorcé sans le savoir un mouvement qui m’a rattrapé aujourd’hui. Certains appelleraient ça un retour de manivelle (humour de mécanicien, pardon).

Certes, il y avait des signes avant coureur. 14 ans, première meule, 103 SP3, que j’ai un peu customisée (pas trop) avec mon oncle dans son atelier de mécanique tondeuse. Je passe. Puis les premières voitures, d’abord celles des parents, puis ma première, FSO Polski, demandez pas, ça forme.  Puis celles des petites copines, on laisse trainer un peu les mains sous le capot (des voitures, pas des copines), on se glisse en dessous, les premières vidanges, épié par des regards perplexes ou des yeux furieux qui atteste du peu de confiance en mes qualités techniques à l’époque. Mais je ne me décourageai point.

1998: Grande-Bretagne

Pays de Galles, étude de Maîtrise d’Histoire Ancienne, première rupture, puis ma première voiture achetée avec mon argent à moi, Peugeot 309, conduite à droite… puis l’Angleterre, la Ford Fiesta première génération de ma petite amie anglaise Amanda. Passage par Nancy pour le DESS d’informatique. Twingo bleue… Si, vous avez rigolé. C’est pas bien, j’adore cette caisse. Retour Kent. Prof de langue. Séparation. Revente Twingo… Ford Granada, levier de vitesse scié et filtre à air K&N, livreur de plats à emporté chinois, nom de code « super driva ». On est en 2004. Attelage, caravane, surftrips.

Et 2005, achat d’un 4x4. Mon premier Land, oui oui oui. Pour ma défense je dirais que c’était … un Defender. Retour en France. Rencontre avec une encyclopédie du Land sur patte, mon amie Annette Von Flotwell, qui gérait à l’époque son entreprise Landypoint de pièces détachées pour Land Rover et Minis. Je travaille dans mes débuts au service expédition - aussi appelé « la 4ème dimension », puis quelques devis par téléphone, et mes premières ventes, aidé par Nicolas, qui connaît toutes les références par coeur. Premier souvenir de Fabrice, réglant les carbu V8 à l’oreille.

2006, rencontre de mon ami Smockey, vieux baroudeur australien/vétéran du Vietnam/ancien mécanicien/initié par les Aborigènes. Projet de rénovation Landesque pour faire le tour du monde comme idée de soins palliatifs pour son cancer. Mort un an près. Vide émotionnel et spirituel. Land sur chandelles.

2007: Inde et Népal

Oui, c’est bien devant l’ordinateur de cette même amie que je décidai à 1h30 du matin de partir pour le Tibet, via le Népal. Sac à dos. Avion.
Bien qu’au départ en quête spirituelle, je me laissais vite séduire à Bénarès par une autre belle anglaise (Royal Enfield de 1969 quand même), à défaut d’avoir les faveurs de la belle danseuse Uruguayaine qui me brisa le coeur… Bénarès, Goa, la moto, haaa, les belles années d’insouciance. Je monte un ashram bouddhiste en Inde, une maison d’hôte au Népal. 5 ans passent. Je rentre. Retour du fils prodigue?

2012: France

Mais à mon retour, en mai 2012, où m’installer ? Chambre chez les parents. 3 mois. Appartement. Côté de l’ancienne usine désaffectée de 1,000m2 propriété del padre depuis 1999 où j’avais laissé mon semblant d’atelier pour le Land, encore sur chandelle… (en même temps, sans moteur ni roues, pouvait pas aller bien loin). "Chez Corbin", garde-meuble et fourre-tout indicible dont un stock de trois 2CV et toujours cette mini qui me narguait dans le garage 21 depuis plus de dix ans.

 

Ben quand on a cet espace à sa disposition, qu'on aime l'histoire, les voyages, et qu'on bricole de la mécanique depuis l'âge de 14 ans, qu'est-ce qu'on peut bien faire d'autre que de créer un atelier de mécanique pour véhicules anciens ma bonne dame? 

Je met le nez dedans et entreprend de redonner vit à ce lieu.

Au départ, ce n'était qu’une vague idée de vendre des pièces de Land Rover (et oui je suis landiste, personne n’est parfait…) avec Fabrice et Nicolas. Revente du Def à un ami de Fabrice, landiste lui aussi. Landypoint en pourparler de revente. J’avais du temps libre, je bossais pour des associations et j’essayais de me réhabituer à la vie occidentale. Rien de sérieux.

C’est là que j’ai mis le doigt dans l’engrenage. J’ai repris la mini en main en refaisant tout le circuit d’embrayage et une partie du freinage, et j’ai continué l’entretien des véhicules de mes parents, notamment leur vieux trafic de 1982 que j’ai sauvé de la casse et qui a maintenant trouvé un heureux acquéreur parmi mes amis.
Je me suis attaqué au stock des trois 2CV de mon père qui traînait là. J’ai décidé de faire quelques brocantes disposant d’un stock de pièces de rechange, j’ai vendu deux des voitures à des amis et je me suis réservé le luxe de remettre en état l’AZAM de 1965 avec pour seul objectif de la passer au CT ! Avec l’aide de mon maintenant super pote Fabrice, mécanicien hors pair qui refit péter le vieux moteur encrassé par 10 ans de stagnation. Avec un allumage neuf et le système de freinage refait entièrement, trois mois plus tard, elle sortait du garage pour les tests. Je la revendis en Octobre à un fabricant de tonneau de Cognac.


Entre temps, mon père m’avait acheté un Discovery pour aller travailler en saison d’hiver à La Mongie. Après quelques péripéties qui m’empêchèrent d’amener l’AZAM à la Nationale de La Rochelle de 2015, j’y allai quand même. Avec mon Land…
La Mongie, où je compris au bout de trois jours que je n’étais pas fait pour être réceptionniste de résidence de vacances. Décembre, Annette me montre son porte-voiture Ifor Williams, et parle de vendre sa boîte, Landypoint en transition. L'envie de créer mon entreprise commence à se manifester et trois ans ans après mon retour d’Asie, je décidai de franchir le pas.

2015, naissance de l'atelier

28 février 2015, l’Atelier 21 était né. Numéro de Siren, j’avais la larme à l’oeil au CCI.
Je passais mon permis remorque en mai, et je rachetai l’Ifor Williams de mon amie Annette sur laquelle j’avais laissé une option (pas sur mon amie, sur la remorque) qui, coïncidence, vendait son entreprise et déménageait au Costa Rica. J’ai pu donc commencer tout de suite mon activité de transport de véhicules anciens (pas toujours anciens, mais faut bien vivre ma bonne dame). Eté 2016, la Wesper de Pons est aux enchères, achat de racks industriels pour l’usine. Autre enchère, garage Renault de St George de Didone qui fait faillite, ma presse. L’atelier se monte petit à petit. Fin 2016, le pont 4 colonnes, FOG 411, Yes !
L’achat du pont 4 colonnes en novembre 2016, grand soulagement, parce que 43 piges (et pas de calage), ça commence à se ressentir un peu dans le dos. On coule les fondations en juillet 2017. Et reste à finaliser les travaux pour ranger tout mon stock accumulé, Land Rover et 2CV, évidemment (et d’autres marques aussi, je ne suis pas sectaire). Les racks industriels de la Wesper  commence à trépigner d’impatience.

 

2017:
Je continue à vendre sur les brocantes spécialisées, et je fais un peu de transport. Je continue à tisser la toile de mon réseau professionnel car j’ai pour projet de créer un espace de « co-working », sorte de village d'artisan et de formation dans l’esprit du CNVA (Conservatoire Nationale des Véhicules Anciens).

Du coup, pour valider mon cursus de passionné et mes compétences, proposer de nouvelles prestations, approfondir toujours ma connaissance, et pouvoir communiquer plus clairement avec mes collègues mécaniciens, j’ai décidé de passer mon CAP de mécanicien automobile. Ah ben voilà, on y est arrivé.

2018: Obtention du CAP de mécanique.

Huit mois de formation continue avec stage de trois mois chez Standauto 17, spécialiste Youngtimers et Land Rover à Gémozac, le rêve quoi.

 

Des collègues de formation qui deviennent de bons copains et collègues, et déjà des projets qui se forment en commun.

 

Juillet, résultats officiels, j'obtiens mon CAP, avec 15/20 de moyenne quand même.

 

Chambre des métiers, dossier d'inscription reçu en novembre 2018. C'est officiel, je suis artisan.

Aujourd'hui...

Reste à continuer les travaux d’aménagement du magasin qui prend bonne forme, et transformer le hall en espace de gardiennage et d’exposition. C’est que les anciennes, elles aiment se montrer, mais pas à n’importe qui.

Je compte bien faire revivre ce lieu en transformant cette vieille usine textile en lieu d’échange et de partage autour des vieilles mécaniques !

Point, mais pas final.

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© Jean-Francois Mauret, août 2021.